Les rotifères
 
Quand ordinaire et extraordinaire
se confondent...


[ Métazoaires, triploblastiques, protostomiens, pseudocoelomates, à symétrie bilatérale. ]

Bien que leur présence discrète soit généralement ignorée, les rotifères sont des animaux minuscules qui nous entourent un peu partout; en cela, ils font partie de notre ordinaire. Leur anatomie, rudimentaire pourtant complexe, paraîtra ordinaire ou au contraire extraordinaire selon le point de vue. Mais extraordinaires à coup sûr sont leur résistance et la longévité de certaines espèces en dépit d'une reproduction asexuée. [ Le plus ancien rotifère fossile trouvé date d'environ 45 millions d'années. ]


Ces dernières propriétés valent aux rotifères, connus de longue date,
un vif regain d'intérêt dans la communauté scientifique.
Les technologies modernes permettent de les analyser
en ouvrant de nouvelles perspectives.

Ces petits êtres vivent dans toutes sortes d’environnements : très majoritairement en eau douce, mais aussi en milieu marin, sur terre, jusqu'en Antarctique. Ils sont largement répandus dans les mousses humides.
Les rotifères doivent leur nom à leurs couronnes de cils dont les battements synchronisés donnent l'impression d'un mouvement tournant. Ils sont amusants à observer au microscope : on ne se lasse pas de voir leur comportement ni de détailler leurs organismes en fonctionnement, tant ceux-ci apparaissent clairement.

Vu leur très petite taille [ 0,05mm ~ 3mm; majoritairement < 0,2 mm ], les rotifères ont un temps été associés aux "infusoires".  /  Cfr Ehrenberg   /  Par la suite, on a tenté de les ranger du côté des vers, des crustacés, de les rapprocher des bryozoaires... pour finalement regrouper les quelque 1800 espèces recensées en un phylum, lui-même partagé en trois classes : Bdelloïdes, Monogononta, Seisonacea. Leur classification phylogénétique est en débat.

Malgré le nombre limité de cellules qui les constituent [ de l'ordre d'un millier ], les rotifères possèdent des systèmes organiques spécialisés, observables par transparence sur les animaux vivants : digestif, excréteur, musculaire, nerveux, reproducteur, mais pas de système circulatoire ni respiratoire.
La région antérieure du corps porte un appareil ciliaire permettant à l'animal d'attraper des proies ou se déplacer.
La région postérieure se prolonge en un pied grâce auquel l'animal peut se fixer sur un substrat [ pied réduit chez les espèces exclusivement pélagiques ].
Le corps est protégé par une cuticule souple. Le liquide du pseudocœlome fait office de squelette hydraulique et les mouvements de l'organisme répartissent ce liquide, favorisant la diffusion dans le corps de l'oxygène, du dioxyde de carbone, des nutriments et des déchets.
Au début du tube digestif se trouve un appareil masticateur original : le mastax dont les mouvements sont aisément observables.
Le système nerveux se compose d'un œil, de soies sensibles, de nerfs et ganglions nerveux.
... Adaptées au lieu qu'elles habitent, les espèces se distinguent au niveau de ces diverses caractéristiques.

Davantage de précisions ainsi qu'une abondance d'images se trouvent dans les innombrables pages internet consacrées au rotifères...

Ce qui impressionne peut-être le plus, chez ces animaux, c'est leur résistance exceptionnelle, notamment à la dessiccation :
en situation de stress, ils ont la faculté de se rétracter et de suspendre leur métabolisme, ce qui leur permet de résister à des conditions défavorables, jusqu'à la sécheresse totale. Certaines espèces peuvent rester inertes de nombreuses années et se "réveiller" quand l'environnement redevient propice à leur activité.
Si bien que de très anciennes préparations microscopiques peuvent réserver des surprises... C'est alors l'émerveillement.

Les modes de reproduction sont multiples parmi les espèces : sexuée et/ou asexuée. Il se confirme que certaines espèces sont exclusivement asexuées, chez lesquelles des processus existent qui pallient, au niveau génétique, les conséquences dommageables liées à l'asexualité. Le plus ancien rotifère fossile trouvé a vécu durant l'Éocène moyen.
L’asexualité serait donc une forme évolutive viable à très long terme, moyennant des mécanismes adaptés...


[ À suivre... ]