Léo Errera


[ Image < digithèque / ULB ]

Léo Abraham Errera ( 1858~1905 ) avait 26 ans quand il devint professeur à l'ULB où il s'efforçait de donner les cours les plus pratiques possibles. A ses yeux, la situation de l'époque se résumait ainsi : ou notre enseignement scientifique donnera une place prépondérante au laboratoire, ou il est condamné à une irrémédiable déchéance.
Il créa donc un laboratoire de botanique, bientôt équipé de salles de chimie et de microscopie, d'un atelier de photographie, d'une chambre noire pour la spectroscopie et la polarimétrie, d'une chambre thermostatique et une autre pour la stérilisation. Un bonheur pour les doctorants en sciences qui pouvaient enfin  utiliser un microscope, colorer des préparations.

Parmi ses élèves, Jean Massart...
[ sources : http://digitheque.ulb.ac.be/fr/digitheque-histoire-de-lulb/biographies/index.html#c8946 + http://sylvielausberg.com/wp-content/uploads/2016/11/errera.pdf ]

D'emblée, Errera comprit l'importance des publications de Darwin et
il poursuivit notamment son étude sur la fécondation des fleurs par les insectes... que la plupart des naturalistes de l’époque trouvaient ridicule !

Ce thème, parmi d'autres, est magnifiquement illustré dans l'exposition photographique
que l'ULB, en collaboration avec l'IRSNB, propose au jardin Jean Massart, en août 2017. 

Quant à la microscopie :

[...] Je transcris ici une note datée de mai 1894, où LÉO ERRERA fait allusion à cette partie de sa vie :  « Dans les vieilles notes très prolixes du 20 avril 1873, que je viens de retrouver et qui ne valaient pas la peine d'être conservées, je vois que [...] Je me suis décidé à acheter un bon microscope ; il y a deux mois je l'ai commandé chez HARTNACK, un des meilleurs fabricants, à ce qu'il paraît, mais Anne, ma sœur Anne, je ne vois rien venir. [...] »

Dès 1871 ( Léo avait 13 ans ), la grande affaire fut l'acquisition d'un microscope ( voir plus haut ). A cet effet, tous les petits cadeaux reçus des parents et grands-parents furent mis de côté pour constituer le « fonds microscopique ». Après deux années d'attente, le rêve put enfin être réalisé. Mais pour quelle marque se décider, allemande ou française, ZEISS OU HARTNACK ? Très indécis sur le choix à faire. LÉO ERRERA consulte l'homme que l'on disait alors le plus compétent en la matière, M. ADAM*, haut fonctionnaire du Ministère des Finances, qui avait la manie des microscopes. Dès la première entrevue, les rapports les plus cordiaux s'établirent entre le vieil et le jeune enthousiaste. Quand LÉO allait au Ministère pour parler à M. ADAM, et qu'il devait faire antichambre en attendant son tour d'être reçu, il lui suffisait de dire à l'huissier : « C'est pour le microscope. » – « Pour le microscope ? Oh ! alors, passez tout de suite, Monsieur. » L'instrument tant désiré, un HARTNACK auquel ERRERA resta fidèle toute sa vie, se trouve actuellement à l'Institut botanique de l'Université de Bruxelles.

[ Les deux paragraphes ci-dessus sont extraits de Notice sur LÉO ERRERA, membre de l'Académie... / Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-arts de Belgique / Hayez / Bruxelles, 1908 ; avec l'indication suivante : l'introduction et l'appréciation des travaux de LÉO ERRERA qui ne se rapportent pas à la botanique, ainsi que les détails sur sa vie de tous les jours, sont de la plume de H. LÉON FREDERICQ. M. JEAN MASSART a rédigé tout ce qui se rapporte aux travaux botaniques de LÉO ERRERA et à son rôle de professeur. ]
* ADAM orthographié avec -M dans la publication de l'Académie, alors qu'il s'agit bien de Henri-Philippe ADAN.   

Outre ses écrits scientifiques et des pensées pédagogiques, sociales, philosophiques, Léo Errera a écrit des vers.
Ses thèmes étaient, on s'en doute, la nature et les plantes, mais aussi la condition humaine.
Comme dans ce poème consacré aux "enfants martyrs" :




Sonnet

Un homme titubant sortit du cabaret
Il avait l'œil hagard et la trogne empourprée,
Ses cris rauques troublaient la tranquille soirée,
Puis d'un flacon de gin il buvait un long trait.

Un jarret en tremblant croisait l'autre jarret
A chacun de ses pas... et de sa main serrée
Il menait un enfant... et cet enfant pleurait
D'accompagner sa marche ivre, désemparée...

L'homme était si rougi qu'il n'en rougissait plus...
Et cet enfant comptait les pas irrésolus
De son père épuisé, tout barbouillé de lie;

Oh ! ce petit enfant, forcé, pauvre pleureur,
De rougir de son père et d'en avoir horreur,
Paraissait la raison côtoyant le folie !!

                                                          [ non daté ]

Œuvres d'une autre époque, certes, mais quand même... Certaines me laissent – disons – perplexe.  ;o)