Tout devenait
  si clair, si harmonieux,

    mystérieux et simple,
      minuscule et grandiose !   

                       [ Liza / acte I * ]





    Que viennent donc faire ici Maxime Gorki et ses Enfants du Soleil ?
    Y aurait-il un rapport avec la microscopie ?
Eh oui !   
Mais... Chhht... Surprise...   
Bonne soirée, si vous trouvez place !   
 Le spectacle a été présenté du 25 avril au 20 mai 2017.   


Quelle œuvre étonnante !  Vieille de plus d'un siècle, pourtant d'une troublante actualité.
Un texte dense, empreint de violence, d'humour et de poésie.
En toile de fond : la révolution qui gronde et le choléra.


Christophe Sermet, metteur en scène, confie à Cédric Juliens :
[ extrait du programme ]

C'est une pièce foisonnante. Gorki l'a écrite après une longue maturation, mais seulement en une semaine, après avoir été incarcéré à la forteresse des tsaristes pour avoir participé à un mouvement de foule de la Révolution de 1905. Il subsiste donc dans ce texte une urgence [...]
Gorki est complexe et surprenant, à la fois enthousiasmant et décevant. Comme ses personnages.

MÉLANIA. – Pavel Fiodorovitch ! Vous rappelez-vous que vous vouliez me montrer une algue au microscope ?
PROTASSOV. –  Une cellule de l'algue. Oui... évidemment... c'est possible. Tout de suite, même, si vous le voulez !
[...]
TCHEPOURNOÏ. Quelle comédie ! Elle veut voir des algues, cette grosse vache !
[ acte I * ]

Entouré d'amours et de drames, Pavel Fiodorovitch Protassov, protagoniste central, savant fou, idéaliste, humaniste, incompris,
consacre
toute son énergie, toute son attention, toute sa passion... à tenter d'élucider le mystère des origines de la vie,
à découvrir les secrets du "protoplasme", avec l'espoir de pouvoir créer, dans la cuisine qui lui sert de laboratoire, un être vivant.

LIZA. – Je vous le dis... sur la terre s'accumule de plus en plus la haine, et grandit la cruauté...
PROTASSOV. –  Liza ! Tu déploies encore tes ailes noires !
LIZA. – Tais-tu Pavel ! Tu ne vois rien, toi ! Tu regardes au microscope...
[...]
PROTASSOV. –  Si, je sais, je vois ! Je vois comment grandit et se développe la vie, comment, cédant à mes recherches obstinées,
elle dévoile devant moi ses profonds et merveilleux secrets. [...] 
[ acte II * ]

* Les quelques répliques reprises dans cette page sont extraites de la traduction française de l'œuvre,
   par Georges Daniel, publiée en 1963 dans la collection du Théâtre National Populaire.
   Une autre traduction en français, par André Markowicz, est disponible, publiée en 2008 aux éditions
   Les Solitaires Intempestifs.
   Le texte utilisé à Bruxelles en 2017 est le fruit d'une collaboration entre Natacha Belova et Ch. Sermet.


Le spectacle présenté par le Rideau de Bruxelles au théâtre des Martyrs, était porté par une troupe convaincue et convaincante, dans une mise en scène ramenant le propos au temps présent.

Sur le fond du décor, entre autres séquences filmées, étaient projetés par moments les mouvements d'êtres en réalité
minuscules mais, là, agrandis 10000 fois environ : l'un gesticule, agite de façon saccadée, sur un rythme lent, une extrémité allongée de son corps ; un autre semble s'obstiner en vain à franchir un obstacle ; un autre digère...

Ces animaux étranges, habitants discrets du monde proche qui nous entoure, sont des rotifères

Quand Gorki écrivit Les Enfants du Soleil, Boris Pasternak avait 15 ans, Alexandre Oparine en avait 11...
et c'est 22 ans plus tôt que Robert Koch avait redécouvert le vibrion responsable du choléra ( observé dès 1854 par Filippo Pacini, malheureusement sans retenir l'attention de la communauté scientifique ).