Exposé temporairement...
 
Microscope "Continental BB" de Bausch & Lomb 

        [ Il a été visible
pendant l'été 2017, au Centre de Culture Scientifique de l'ULB, à Parentville,
          et le 15/11/2018, au campus du Solbosch, à l'occasion du 15e anniversaire du Réseau des Musées de l'ULB ]

 
Le numéro de série de cet instrument ( 54822 ) le fait remonter à 1905.
Comme cela apparaît gravé sur le pied, il a été fabriqué par Bausch & Lomb Optical Co., Rochester, N.Y., et vendu à Londres par A. E. Staley & C°.
Ce pied en fer à cheval, massif, permet une inclinaison du microscope jusqu'à 90° [ "à l'horizontale" ] sans déséquilibre.
L'équipement comprend les trois objectifs suivants :
2/3", 0.24 ;  1/6", 0.85 ;  1/12", 1.30 à immersion homogène ;
ainsi qu’une gamme complète d'oculaires marqués :  1/2 ; 3/4 ; 1 ; 1 1/2 ; 2.
La longueur du tube télescopique est réglable de 140 à 170 mm.
[ L'ajout de la tourelle en trèfle implique un allongement du tirage de 17 mm. ]
La mise au point grossière s'effectue par deux grands boutons moletés disposés symétriquement à gauche et à droite sur un même axe et qui actionnent un dispositif à crémaillère.
La mise au point fine ( objet du brevet n° 577344, déposé par Ed. Bausch, le 16 février 1897 ) est assurée par une vis micrométrique, en haut de la colonne du statif. Son grand bouton moleté est muni d'une échelle circulaire graduée de 0 à 100 ; ceci permet des mesures en Z, grâce à une aiguille repère, fixée à la colonne et pointant vers les graduations.
Une surplatine à mouvements croisés de la même marque à été ajoutée. Sa fixation, parfaitement adaptée à ce modèle de microscope, a fait l'objet d'un joli façonnage :  quasiment de l'orfèvrerie... Les mouvements en X et Y sont commandés par deux boutons non coaxiaux et sont contrôlables grâce à deux verniers gradués en millimètres.
Sous la platine couverte de caoutchouc dur se trouve un condenseur réglable en hauteur ou escamotable par un même bouton de commande, muni d'un diaphragme à iris et d'un porte-filtre, ainsi qu'un miroir double face [ plan et concave ] orientable en tous sens, à distance ajustable.

L'histoire de la firme Bausch & Lomb commence en 1849, quand deux jeunes allemands d'une vingtaine d'années environ, John Jacob Bausch et Henry Lomb, émigrent vers l'Amérique (*)... En 1853, le dernier cité prête 60 dollars à son ami Bausch pour l’aider à développer un modeste magasin d’optique à Rochester. Ils conviennent que Lomb deviendra partenaire si l'affaire évolue bien. Sans doute n'imaginent-ils pas l'avenir qui les attend... Une dizaine d'années plus tard, Bausch s'associe à Lomb comme convenu. En 1866, démarre la Vulcanite Optical Instrument Co., fabriquant des montures de loupes et de paires de lunettes en caoutchouc dur. En 1876, la société change de nom pour s'appeler Bausch & Lomb Optical Co. et l'entreprise va de réussite en réussite. Au début des années 1880, Bausch & Lomb ajoute l'optique photographique à sa production et devient, en 1892, la seule société américaine autorisée à fabriquer des objectifs conçus par Zeiss. ( Cet accord prendra fin lors de la première guerre mondiale. ) La recherche et les innovations se succèdent chez B&L et bientôt, nombre de brevets sont déposés pour des paires de lunettes ( verres et montures ), des paires de jumelles, des objectifs photographiques, l'optique en général. La progression est impressionnante. Pendant un temps, la firme américaine collabore avec l'opticien français Krauss ; les implantations sont internationales :  Rochester, Paris, Tokyo, Petrograd ( = Saint-Pétersbourg ). Aujourd'hui B&L est une des plus anciennes sociétés en activité aux USA et compte parmi les plus grands fournisseurs d'optique médicale. À titre d'exemples, ces quelques anecdotes :  en 1971, B&L obtient de la FDA l’autorisation de mise sur le marché des premières lentilles de contact souples ; les premières photos de la Lune prises depuis un satellite le sont avec de l'optique signée B&L ; des verres protecteurs ont été conçus pour les soldats américains de la 1ère guerre mondiale et, en 1930, est créé le premier verre filtrant IR et UV.
Ceci marque d’ailleurs le début d'une autre histoire :  en 1927, après avoir traversé l'Atlantique en aérostat, le lieutenant John A. Macready avait demandé à la société Bausch & Lomb, fournisseur de l'US Navy en jumelles et télescopes, de créer des lunettes « protectrices panoramiques et enveloppantes ». Le verre RB3, vert et filtrant les infrarouges et les ultraviolets, est mis au point trois ans plus tard. En 1933, l’US Air Force commande un modèle de paire de lunettes pour ses pilotes de chasse qui, à sa commercialisation, en 1936, prendra le nom d’Aviator. En 1937 est lancée la marque Ray-Ban ( bannir les rayons ). Durant la seconde guerre mondiale, une variante est créée à la demande des pilotes. Apparaissent alors les verres à teinte progressive :  une bande supérieure foncée protège des rayons du soleil tandis que la zone inférieure, plus claire, permet un regard précis sur le tableau de bord de l'avion. On sait la mode qui s'ensuivra... En 1999, B&L vend Ray-Ban au groupe Luxottica. ] 
(*) Mr Trump, il est vrai, n'était pas encore né...
  –  Dans le domaine de la microscopie :
en 1866, un microscope simple est au programme ; un microscope composé aurait été produit dès 1874. En '76, Ernst Gundlach, lui aussi récemment émigré d'Allemagne, intègre la firme et apporte son savoir faire. Un premier brevet est déposé l'année même, un autre l'année suivante. Mais la collaboration est houleuse et prend fin en 1878. Le développement de la section microscopie se poursuit toutefois avec succès sous la direction d'Edward Bausch, fils de John Jacob :  en 1903, la firme a déjà vendu quelque 44000 de ces instruments. Au cours du XXe siècle, Bausch & Lomb devient le troisième fabricant de microscopes au monde, après Zeiss et Leitz. À la fin des années '80 des négociations aboutissent au rachat de ce département par Leitz et son intégration sous cette marque.