Manque de clarté

au siècle des Lumières




Louis-Antoine Ranvier, histologiste français ( 1835~1922 ) à qui l'on doit la découverte, le long de l'axone des cellules neuronales, des "nœuds" qui portent son nom, aurait déclaré : « En France, à la fin du siècle dernier [ XVIIIe ] et au commencement de celui-ci, les microscopes étaient très défectueux; c’étaient, passez-moi l’expression, des microscopes à puces... Bichat a eu mille fois raison de ne pas vouloir se servir d’instruments aussi imparfaits. »

En effet, l'illustre anatomiste Marie François Xavier Bichat, au cours de sa trop courte carrière [ Il mourut à 30 ans, en 1802. ], désapprouvait sévèrement l'emploi du microscope « parce que, quand on regarde dans l'obscurité, chacun voit à sa manière et suivant qu'il est affecté ».

Ce n'est qu'au XIXe siècle que l'optique microscopique bénéficia de progrès importants, à commencer par le simple doublet achromatique, jusqu'aux calculs décisifs de Ernst Abbe. Quant à la pratique de la photomicrographie, elle débuta en 1840.

Avant ce temps, d'une part l'imagination allait bon train pour compenser le manque de précision des images fournies par les microscopes... et la fascination de découvrir un monde invisible à l'œil nu n'aidait pas à garder mesure ; d'autre part, les interprétations – le plus souvent sincères, sans doute – qui entachaient les "dessins d'observation" étaient incontrôlables.

     Ceci, heureusement, n'empêcha pas certains esprits aiguisés d'enrichir la science de quelques découvertes essentielles. Par la suite, les progrès techniques aidant, il y eut un jaillissement.

Pour évoquer le "temps du flou", j'ai aimé afficher deux photomicrographies en page d'accueil.
Le matériel utilisé pour leur réalisation est moderne et la préparation, non datée, n'est probablement ancienne que de quelques décennies au plus. Quel rapport, alors ?
Ces images sont nées d'un émerveillement inattendu. La préparation
parmi d'autres d'histologie animale, diverses et de qualité inégale, acquises sans en connaître l'histoire avait macroscopiquement retenu mon attention :  deux coupes sériées, une coloration trichrome dense. Un sentiment indéfinissable de profondeur m'a donné envie de la regarder tout de suite, juste par curiosité, pour le plaisir. Et j'ai plongé dans un monde étonnant. Des flamboiements magnifiques, des ambiances mystérieuses... Les ressentez-vous aussi, respectivement, à la vue de l'une et l'autre image ?  À mes yeux, de véritables compositions abstraites que ne renierait pas un peintre de mes amis.
Au diable*, pour quelques instants, toute considération rigoureuse !

[ * Nous le retrouverons, celui-là. ]


         

[ Cliquez sur les images pour les obtenir en haute résolution. ]



15 µm – Il s'agit de coupes fort épaisses.

  Dans les pages web de l'ULB [ Université libre de Bruxelles ] :
  -  notes d'histologie animale et humaine
  -  atlas d'histologie d'animale et vétérinaire

 dans l'iconothèque numérique :
-  illustrations des cours et travaux pratiques d'histologie générale et d'histologie des organes
-  illustrations des travaux pratiques de cytologie, histologie générale et spéciale et histologie de l'appareil masticateur
 dans la lignée :  Biodic +
Histofish = atlas d'histologie du poisson
Biodic = vaste documentation iconographique de micrographies en microscopie électronique