XVIIe
XVIIIe
siècles

 

C'est dans les années 1590 que le microscope "composé" [ concept encore utilisé de nos jours ] semble avoir été inventé à Middelburg, aux Pays-Bas. Son usage s'est donc répandu au XVIIe siècle.
Galilée s'y intéressa et en améliora l'optique. Mais l'idée de répartir "l'effort" de grossissement sur un objectif et un oculaire se heurtait, pour sa réalisation pratique, à la pauvreté des moyens techniques d'alors. Si bien que l'apport de ces instruments restait limité par leurs performances très modestes. Pourtant...

En 1665, l'Anglais Robert HOOKE publie sa Micrographia, fantastique recueil de dessins d'observation où puce, pou, nombre de bestioles et autres petits êtres sont détaillés avec une étonnante précision. C'est à lui qu'indirectement nous devons le terme cellule pour désigner l'unité constitutive du vivant car il a, le premier, décrit la structure « cellulaire » du bois de liège.













Hooke utilisait un microscope composé
au pouvoir grandissant de l'ordre de 30 fois.



   Bois de liège dessiné par Hooke.
( Micrographia, 1665 )

Quant à Antoni van LEEUWENHOEK :  ce fils de drapier, à Delft, aux Pays-Bas, s'est confectionné, avec une habileté dont on n'a toujours pas percé le mystère, de nombreux microscopes "simples" ; à savoir des loupes puissantes [ le grandissement de certaines avoisinant 250 x ! ] assorties d'un ingénieux système de mise au point, au moyen de quoi il observait tout ce qui attisait sa curiosité. Or celle-ci était sans limite. Cet homme, instruit mais sans formation scientifique, passionné et passionnant, a révélé l'existence d'une vie microscopique jusque là totalement ignorée. Peut-on évaluer le trouble dans les consciences de l'époque lorsqu'il fit savoir, par exemple, que le sperme contient de minuscules êtres animés ?  Mais là commence une autre histoire...

Les dessins bien différenciés de bactéries
laissés par Leeuwenhoek ne peuvent
que susciter l'admiration.
( 1683-1694 )
 

Or c'est au cours du même siècle, que paraît le Messager des étoiles de Galilée.



Sidereus nuncius, 1610

Ce sont de grandes choses, en vérité, que je propose dans ce bref traité à la contemplation de ceux qui étudient la nature. [...] C’est une grande chose assurément, d’avoir ajouté à la multitude des étoiles fixes déjà découvertes jusqu’ici par la simple vue à l’œil nu, d’autres et innombrables étoiles jamais aperçues jusqu’à nos jours, et de les exposer à nos regards en nombre plus de dix fois supérieur à celui des anciennes déjà connues. Quel spectacle magnifique et passionnant que de voir le corps lunaire, éloigné de nous de presque soixante rayons terrestres, rapproché au point de nous sembler seulement éloigné de deux rayons : son diamètre nous apparaît ainsi trente fois plus grand, sa surface neuf cents fois et son volume environ vingt-sept mille fois plus grands qu’à l’œil nu. Avec la certitude de l’expérience sensible, nous apprenons ainsi qu’il n’est pas vrai que la Lune soit entièrement revêtue d’une surface lisse et polie, mais au contraire accidentée et inégale et recouverte, tout comme la face de la Terre, de hautes éminences, de profondes vallées et anfractuosités. De plus, ce n’est pas non plus chose négligeable, semble-t-il, que d’en avoir terminé avec les controverses concernant la galaxie ou Voie lactée, en en révélant la nature non seulement à l’intelligence mais aux sens mêmes. Il sera aussi fort intéressant et très beau de faire toucher du doigt combien la nature des étoiles, que les astronomes ont appelées nébuleuses, est différente de ce qu’on a cru jusqu’ici. Mais ce qui dépasse de loin tout ce qu’on peut imaginer, ce qui nous a surtout poussé à avertir tous les astronomes et les philosophes, c’est la découverte que nous avons faite de quatre étoiles errantes, que personne avant nous n’avait connues ni observées, et qui, tout comme Vénus et Mercure tournent autour du Soleil, ont leurs propres révolutions autour d’un certaine étoile bien connue. Tantôt elles la précèdent, tantôt elles la suivent, sans jamais s’éloigner d’elle au-delà de limites déterminées. Et j’ai découvert et observé toutes ces choses, il y a peu de temps, au moyen d’une lunette que j’ai imaginée, non sans avoir été illuminé par la grâce divine.


De la grâce divine aux foudres du clergé... E pur si muove !  On sait l'histoire.
Il semble par ailleurs que la lunette [ instrument composé d'un objectif et d'un oculaire ] fut inventée, certes au début du XVIIe siècle, mais aux Pays-Bas. Rapidement, Galilée en améliora les performances et révéla au monde occidental des aspects jusque là inconnus de l'univers. 



Alors, les esprits se partagèrent entre le rejet dogmatique de ce qui allait à l'encontre des croyances et le puissant attrait de deux infinis s'ouvrant soudain à l'imagination.

Le XVIIe siècle est aussi celui de la grandeur de Versailles sous Louis XIV et celui de Molière, Corneille, Racine, La Fontaine et Perrault ; celui de Rembrandt et de Georges de La Tour.
Le siècle de Descartes, de Spinoza et de Leibniz ; celui de Fermat, de Huygens et de Newton...

En 1666, celui-ci expérimente et comprend la composition spectrale de la lumière.

À propos de Spinoza,
qui taille et polit des lentilles pour microscopes et lunettes, ces deux anecdotes :

- en 1674, il écrit à un certain Hugo Boxel qui a entamé avec lui une correspondance au sujet de l'existence des... spectres, 
« La beauté, Monsieur, n’est pas tant une qualité de l’objet considéré qu’un effet se produisant en celui qui le considère. Si nos yeux étaient plus forts ou plus faibles, si la complexion de notre corps était autre, les choses qui nous semblent belles nous paraîtraient laides et celles qui nous semblent laides deviendraient belles. La plus belle main vue au microscope paraîtra horrible. »

- en 1668, Christiaan Huygens écrit à son frère Constantyn 
« Il est vrai que l'expérience confirme ce que dit Spinoza, que les petits objectifs au microscope représentent plus distinctement les objets que les grands, avec des ouvertures proportionelles, et sans doute la raison s'en peut donner, quoique le Sieur Spinoza ni moi ne la scachions pas encore. Mais aussi de l'autre côté il est certain qu'on distingue plus de profondeur aux objets quand l'objectif est moins convexe. De sorte qu'il faut tenir le milieu entre l'un et l'autre pour avoir des microscopes qui fassent un effet agréable, mais si on ne cherche qu'à grossir beaucoup, il faut des petites lentilles. »
    


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